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博纳富瓦(Yves Bonnefoy)- 弯弯的木板

fll6ty 发表于: 2008-3-14 23:42 来源: 今天

博纳富瓦(YvesBonnefoy, 1923- ),主要诗集有《论杜弗的动与静》、《动与不动的战壕》、《荒漠统治的昨天》、《皮埃尔在写》等。是文艺复兴以来继瓦雷里之后第二位在法兰西学院讲授诗歌的诗人。
(以上介绍摘自www.cnpoet.com,那里还有他别的诗作。)

         弯弯的木板

  他,个子高高,站在岸边,小船旁;身后的月光,轻附于水面。小孩轻轻地,接近静静的他,发现了回荡于栈桥、岩石间的小船。一枚小铜板,被他紧紧攥在手中。
  “您好,先生。”他嗓音清脆,怕惊动男人而颤抖;他,这巨人,一动不动。摆渡人似乎漫不经心,可实际上,早就看到了芦苇丛中的小家伙。他答道:“你好啊,小朋友。你是谁?
    - 嗯,不知道。小孩说。
    - 什么,不知道!你没名字?”
  小孩试着弄明白名字是什么。“不知道。”很快,他答道。
  -“不知道!别人招呼你、叫你时,你听到了什么?
    - 没人叫我。
    - 没人在该回家的时候叫你?在该吃饭、睡觉,而你却在外边玩得时候叫你?你没有父亲、母亲?你家在哪?高诉我。”
  于是小孩问他什么是父亲、母亲、家。
  -“父亲,是什么?”他问。
   在离船不远的岩石上,摆渡人坐了下来。他的声音,不再那么遥远。开口前,他淡淡的笑了笑。
  -“父亲?在你哭时,他把你放在膝盖上;晚上,你怕一个人睡时,他会在你身旁,给你讲故事。”
  小孩不出声。
  想了想,巨人又说:“不少人没有父亲,这不假。但还有温柔的少女,为你生火,放你在身旁,为你歌唱。她只在做饭时离开,那时你闻到热锅中飘出的油香。
    - 我不记得有这些事。”小孩的声音,晶莹剔透。他靠近已经沉默的摆渡人,听见他均匀、缓慢的呼吸声,说道:”我要过河。我有过河需要的钱。”
  巨人弯下腰,伸出大手举起他,放在肩膀上,直腰上了船,船随之吃水。他说道:  “走啰,抱紧我的脖子!”他一只手抓住小孩的一条腿,腾出另一只手,把篙插入水中。小孩呼了口气,更紧地钩住脖子。此时,摆渡人双手并用,把淤泥中的篙拔出,船渐渐离岸;碎光、暗影中,流水声漫延开来。
  小孩用手指,轻碰了下男人的耳朵,说:“我想问你,你不想做我父亲吗?”问题,被哭泣骤然打断。
    - “你父亲!我只是个摆渡人!从河这岸到那岸,便是我全部的世界。
    - 我可以留下来陪你,就在这。
    - 要做父亲,得有家,懂吗?我没家,看那,岸上的灯心草丛,我就活在那。
    - 我愿意,我要留下来陪你!
    - 不行,不可能。看,不好了!”
  原来,船在男人和小孩的重量下变弯,且越来越弯。摆渡人费力划着,水升到船舷,超过了它,填满船舱,没了男人的双腿。弯弯的木板,无法再提供任何支撑点;况且,船不是在沉,而是在分解。此刻,夜色中,男人在水中游着,小孩死命抱着他的脖子,男人说:“别怕,河不宽,就到了。
    - 噢,求你了,做我父亲!做我的家!
    - 要忘了这一切。忘了这些词。忘了所有的词。”巨人嗓音低沉。
  他,一只大手握着小孩的腿,另一只继续游,在这激流相互冲击,鸿沟相互吞噬,繁星下无边无际的空间中游着。
         
               - 于木译,2008.03.

[ 本帖最后由 fll6ty 于 2008-3-15 02:50 编辑 ]

最新回复

fll6ty at 2008-3-14 23:43:31
               Les planches courbes

  L’homme était grand, très grand, qui se tenait sur la rive,près de la barque. La clarté de la lune était derrière lui, posée sur l’eau du fleuve. A un léger bruit l’enfant qui s’approchait, lui tout à fait silencieusement, comprenait que la barque bougeait, contre son appointement ou une pierre. Il tenait serrée dans sa main la petite pièce de cuivre.
  « Bonjour, monsieur », dit-il d’une voix claire mais qui tremblait parce qu’il craignait d’attirer trop fort l’attention de l’homme, du géant, qui était là immobile. Mais le passeur, absent de soi comme il semblait l’être, l’avait déjà aperçu, sous les roseaux. « Bonjour, mon petit, répondit-il. Qui es-tu ?
  - Oh, je ne sais pas, dit l’enfant.
  - Comment, tu ne sais pas ! Est-ce que tu n’as pas de nom ? »
L’enfant essaya de comprendre ce que pouvait être un nom. « Je ne sais pas », dit-il à nouveau, assez vite.
  « Tu ne sais pas ! Mais tu sais bien ce que tu entends quand on te fait signe, quand on t’appelle ?
  - On ne m’appelle pas.
  -  On ne t’appelle pas quand il faut rentrer à la maison ? Quand tu as joué dehors et que c’est l’heure pour ton repas, pour dormir ? N’as-tu pas un père, une mère ? Où est ta maison, dis-moi. »
  Et l’enfant de se demander maintenant ce que c’est qu’un père, une mère ; ou une maison.
  - « Un père, dit-il, qu’est-ce que c’est ? »
Le passeur s’assit sur une pierre, près de sa barque. Sa voix vint de moins loin dans la nuit. Mais il avait eu d’abord une sorte de petit rire.
  - « Un père ? Eh bien, celui qui te prend sur ses genoux quand tu pleures, et qui s’assied près de toi le soir lorsque tu as peur de t’endormir, pour te raconter une histoire. »
  L’enfant ne répondit pas.
  - « Souvent on n’a pas eu de père, c’est vrai, reprit le géant comme après quelque réflexion. Mais alors il y a ces jeunes et douces femmes, dit-on, qui allument le feu, qui vous assoient près de lui, qui vous chantent une chanson. Et quand elles s’éloignent, c’est pour faire cuire des plats, on sent l’odeur de l’huile qui chauffe dans la marmite.
  - Je ne me souviens pas de cela non plus », dit l’enfant de sa légère voix cristalline. Il s’était approché du passeur qui maintenant se taisait, il entendait sa respiration égale, lente. « Je dois passer le fleuve, dit-il. J’ai de quoi payer le passage. »
  Le géant se pencha, le prit dans ses vastes mains, le plaça sur ses épaules, se redressa et descendit dans sa barque, qui céda un peu sous son poids. « Allons, dit-il. Tiens-toi fort à mon cou ! » D’une main, il retenait l’enfant par une jambe, de l’autre il planta la perche dans l’eau. L’enfant se cramponna à son cou d’un mouvement brusque, avec un soupir. Le passeur put prendre alors la perche à deux mains, il la retira de la boue, la barque quitta la rive, le bruit de l’eau s’élargit sous les reflets, dans les ombres.
  Et un instant après un doigt toucha son oreille. « Ecoute, dit l’enfant, veux tu être mon père ? »Mais il s’interrompit aussitôt, la voix brisée par les larmes.
« Ton père ! Mais je ne suis que le passeur ! Je ne m’éloigne jamais d’un bord ou de l’autre du fleuve.
  - Mais je resterais avec toi, au bord du fleuve.
  - Pour être un père, il faut avoir une maison, ne comprends-tu pas ? Je n’ai pas de maison, je vis dans les joncs de la rive.
  - Je resterais si volontiers auprès de toi sur la rive !
  - Non, dit le passeur, ce n’est pas possible. Et vois, d’ailleurs ! »
Ce qu’il faut voir, c’est que la barque semble fléchir de plus en plus sous le poids de l’homme et l’enfant, qui s’accroît à chaque seconde. Le passeur peine à la pousser en avant, l’eau arrive à hauteur du bord, elle le franchit, elle emplit la coque de ses courants, elle atteint le haut de ces grandes jambes qui sentent se dérober tout appui dans les planches courbes. L’esquif ne coule pas, cependant, c’est plutôt comme s’il se dissipait, dans la nuit, et l’homme nage, maintenant, le petit garçon toujours agrippé à son cou. « N’aie pas peur, dit-il, le fleuve n’est pas si large, nous arriverons bientôt.
  - Oh, s’il te plaît, sois mon père ! Sois ma maison !
  - Il faut oublier tout cela, répond le géant, à voix basse. Il faut oublier ces mots. Il faut oublier les mots. »
  Il a repris dans sa main la petite jambe, qui est immense déjà, et de son bras libre il nage dans cet espace sans fin de courants qui s’entrechoquent, d’abîmes qui s’entrouvrent, d’étoiles.

[ 本帖最后由 fll6ty 于 2008-3-14 23:48 编辑 ]
张祈 at 2008-3-15 10:11:10
可惜俺不懂法语。只有欣赏了。


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